Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire « Jeune Afrique », l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, donne son avis sur les coups d’Etat à répétition dans la région du Sahel, la conduite du processus électoral au Mali et les risques d’une reprise des hostilités entre les forces armées maliennes et l’ex-rébellion de Kidal.
« Les putschs n’apportent aucune solution aux problèmes qu’ils prétendent corriger », a déclaré l’ancien Premier ministre du Mali, Moussa Mara, dans un entretien qu’il a accordé à l’hebdomadaire français « Jeune Afrique ».
Qualifiés par certains de complaisants envers les militaires au pouvoir au Mali, l’ancien président du parti YELEMA (Le changement) n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer l’impact négatif des coups d’Etat sur la sécurité, la gouvernance ou l’économie dans la région du Sahel. « C’est un constat général. Il suffit d’observer les pays qui ont subi un coup d’État », soutient-il.
Cette position soutenue par Moussa Mara contre la prise du pouvoir par les hommes en treillis ne l’empêche pas pour autant de reconnaitre au Mali, certaines avancées en termes d’équipement des forces armées maliennes.
Selon lui, trois ans après le coup d’Etat du 18 août 2020, les forces armées disposent d’un équipement beaucoup plus important que par le passé.
Cependant, regrette-t-il, sur le terrain, il n’y a pas eu de progrès en matière de réouverture d’écoles, de redéploiement de l’administration sur l’ensemble du territoire, ou encore de retour des déplacés chez eux.
Au-delà de l’aspect sécuritaire, Moussa Mara note avec satisfaction d’autres avancées dans le domaine des réformes institutionnelles et politiques, marquées par l’adoption d’une loi électorale ou le vote de la nouvelle Constitution.
« Nous disposons désormais d’un chronogramme qui établit que des élections, à commencer par la présidentielle, doivent se tenir au début de 2024. Il faut maintenant employer tous les moyens nécessaires pour respecter ce calendrier », a-t-il suggéré dans cet entretien accordé à Jeune Afrique.
Et le président d’honneur du parti YELEMA de rappeler aux autorités de la transition qu’« aller à des élections est un engagement de la transition ».
S’agissant de la rupture de confiance entre les populations et la classe politique, Moussa Mara estime que la restauration de la confiance n’est pas un préalable.
A son avis, « il revient aux hommes politiques de convaincre les populations qu’ils portent un projet qui va rompre avec tout ce qu’on a connu dans le passé en matière de mauvaise gouvernance et de corruption. S’il y a un grand ménage à faire au sein de la classe politique, c’est au peuple de le faire, à travers les élections », a fait savoir l’ancien Premier ministre.
A la question relative à la réclamation d’une candidature du colonel d’Assimi Goïta à la présidentielle, Moussa Mara rétorque en déclarant : « Les membres du gouvernement de la transition n’ont pas annoncé leur volonté de se présenter, alors ne faisons pas de procès ». Par ailleurs, rappelle Moussa Mara, la Charte qui organise la transition stipule que « les acteurs de la transition ne peuvent pas se présenter, et que cette disposition ne peut être modifiée ».
Et sur les dangers que pèsent sur l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, il explique que le départ des Casques bleus de la MINUSMA est en train d’engendre « l’hypercentralisation ».
Selon lui, il faut tout faire pour éviter la reprise des hostilités entre l’armée et les groupes signataires de l’accord.
« Il faut espérer que le voyage du colonel Modibo Koné à Kidal soit le premier signe d’une reprise du dialogue. Il est impératif que les discussions bilatérales reprennent, entre Maliens. S’il y a une volonté de rediscuter l’accord, rediscutons-le. S’il n’y a pas lieu de le rediscuter, appliquons-le », a-t-il recommandé.
Source: L’ Indicateur du Renouveau