Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres et ses propos de « deux poids, deux mesures », sur RFI

L’Organisation des Nations-Unies (ONU), est une organisation internationale fondée en 1945. Avec ses 193 membres dont le Mali, elle a entre autres missions, le maintien de la paix et de la sécurité internationales, le développement de la coopération internationale, le respect des droits de l’homme, etc. Son secrétaire général, Antonio Guterres a entamé le lundi 02 mai, un périple africain de quelques jours, au Sénégal, au Niger et au Nigeria.

 

Dans la foulée de cette visite, Antonio Guterres a accordé une interview exclusive à RFI. Le Mali confronté au terrorisme autant que le Niger, est exclu de cette visite du fait de sa brouille notamment la dénonciation des accords de défense avec un pays membre très influent de l’ONU, la France. A cet égard, le pays est la victime de la communauté internationale avec ses interminables complots à tous azimuts, pour l’affaiblir et le déstabiliser. Pendant ce temps, cette communauté internationale chérit bien le Niger. S’agissant de ce pays, Antonio Guterres lors de son interview sur les ondes de RFI «… qu’il faut vraiment transformer la frontière du Niger en une muraille qui ne permet plus au terrorisme de pénétrer… Il faut que la capacité de mouvement, la capacité de renseignements des drones, des voitures blindées climatisées, des instruments de vision nocturne et en même temps, il faut renforcer l’entraînement… Il faut que l’armée du Niger ait une capacité bien au-dessus de ce qui existe aujourd’hui ». Voilà deux propos qui sentent la complicité en faveur du Niger confronté au même problème du terrorisme que son voisin du Mali. C’est là où l’on voit le principe de « deux poids, deux mesures » de la part de la première personnalité de l’ONU, dont le premier rôle est de garantir la paix, la sécurité et le développement dans le monde. L’analyse même factuelle montre que les propos d’Antonio Guterres, sont extrêment graves surtout quand s’en tient à la définition de l’expression « deux poids, deux mesures ». En effet, l’expression « deux poids, deux mesures », signifie, juger deux choses ou deux problèmes analogues avec partialité, selon des règles différentes. Elle implique donc un sens de la justice à géométrie variable, trop dicté par les circonstances et qui résulte en une inégalité de traitement. L’expression antonyme du concept est « un poids, une mesure », qui décrit le principe d’impartialité, donc d’égalité de traitement revenant à refuser l’arbitraire. Le Secrétaire Général a tout simplement foulé au sol, certains des principes essentiels de la Charte des Nations-Unies. Pendant qu’il fait preuve de partialité dans ses propos, il dit aussi tout le contraire dans la même interview. En français facile, on dit qu’il est revenu les pieds sur terre car s’agissant de la lutte contre le terrorisme au Mali, il dira que « Naturellement, la présence de Barkhane ou Takuba est extrêment importante mais mon expérience me dit que ce n’est pas possible de défendre un pays seulement avec les forces étrangères ». Cela sous-entend qu’il convient d’y associer les forces africaines aussi à cette lutte. Mais pourquoi avoir attendu près de dix ans de djihadisme au Mali pour de telles propositions ? Combien d’années en République Démocratique du Congo et Mali, les forces des Nations-Unies sont-elles présentes, sans pouvoir ramener, la paix, la sécurité et la stabilité dans ces pays ? Encore avec le Mali, Guterres se montre plus conciliant, quand il dit que « Je ne demanderai pas seulement une mission de maintien de la paix mais plutôt une force robuste d’imposition de paix et de la lutte antiterroriste. Il nous faut combattre les terroristes avec une force antiterroriste robuste supportée par la communauté internationale… ».

Pourtant à plusieurs reprises, le Mali avait demandé sans succès, un tel mandat à l’ONU. Bon nombre d’observateurs voient aux différents d’Antonio Guterres, comme une volonté de la communauté internationale, en premier lieu la France, d’anticiper une batterie de mesures comme le renforcement de la capacité de l’armée du Niger et le blindage de sa frontière afin de contrecarrer la présence et l’influence russes au Mali qui n’a bénéficié d’aucune grâce de la part du premier responsable des Nations-Unies quant à la souffrance de son Peuple soumis depuis 4 mois, à un embargo injuste et illégal de la CEDEAO (Communauté Economique de Etats de l’Afrique de l’Ouest). Et aussi, depuis que la Russie a demandé une réunion à huis-clos du Conseil de Sécurité sur le Mali, après les maintes violations de l’espace aérien de ce pays et à la suite de la rupture des accords de défense avec la France, cette communauté internationale s’est montrée solidaire avec la France.

Avec une telle posture, l’ONU et la France ne montrent-elles pas leur partialité vis-à-vis des pays menacés par le terrorisme et ceux (Mali, Guinée, Burkina Faso) où la rupture de l’ordre constitutionnel s’est imposée ? Veulent-elles faire du Niger une nouvelle « Ukraine » aux portes du Mali ? N’utilisent-elles pas leurs dernières armes, celles de « diviser pour régner » afin de vouloir dominer le Monde ? Voilà à la suite de l’interview d’Antonio Guterres, une série d’interrogations qui méritent réflexion, pour comprendre les enjeux de la nouvelle géopolitico-stratégique mondiale qui redessinera sans doute, la nouvelle carte du monde dans les proches années.

Dr DRAME Aboubacar Sidiki, enseignant Chercheur/ ENSup – Bamako

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